Ce disque, qui se veut avant tout collectif, est l'extrait d'un spectacle mis en scène autour de cinq artistes chanteurs et musiciens interprétant un répertoire de chansons peu connues. Se sont joints à Gérard Pierron, Françoise Mesnil (chant, guitare), Mag Senn (chant), Marie Mazille (clarinettes, violon, chant) et Patrick Reboud (accordéon, accordina). Avec la diversité et la richesse de leur palette, voix et instruments, ils font de chacune des chansons choisie, une " petite nouvelle musicale " avec son atmosphère. Leur projet est de montrer que chansons populaires et exigences artistiques peuvent aller de pair. La partie musicale est enrichie ici de deux instruments originaux : Un orgue de Barbarie chromatique à 4 octaves utilisé ici comme un instrument à part entière et un dulcitone petit piano du XIX^ème siècle à 5 octaves dans lequel les marteaux frappent des diapasons au lieu de cordes. Côté textes, le disque est un florilège d'auteurs : Jean Moiziard, chroniqueur populaire ("Lettre à Elise ", "Les p'tits souliers ", "Mes départements "), Jean Villard-Gilles, chansonnier impertinent ("Dollar "), Roger Riffard, rêveur et oisif ("Mam'zelle grand fla-fla ", "Les p'tits trains ") , Raymond Queneau, le papa de Zazie, Allain Leprest ("L'avenue Louise Michel ") mais aussi Eugène Bizeau ("La colombe de Picasso "), François Benoît ("Le marchand d'oranges "), Maurice Genevoix ("Les vieux messieurs du Luxembourg "), On peut aussi y entendre "La chanson de Margaret " de Mac Orlan, "Je t'aime " de Michèle Bernard, le "Couplet de la rue St Martin " de Robert Desnos, "Le vide grenier de ma musique " et "Madame la Rue " de Jean-Pierre Pierron. Que dire sinon s'incliner devant le travail de ces artisans, ces humbles orfèvres qui nous offrent dans un merveilleux écrin musical, de vrais bijoux, de belles chansons. Empruntons cette rue en fête ! Pour notre plus grand bonheur !

F.P.

Issu d'un projet conduit par l'association les Serruriers Magiques qui développe des projets d'éducation populaire, ce disque est le reflet de deux ans de travail qui ont abouti à une comédie musicale créée par les enfants des quartiers de Belleville et Château Rouge. Avec Fabien Bouvie, auteur-compositeur, ils ont imaginé une histoire sur le thème de la différence, du mélange des cultures. Deux enfants Toufou et Doudou, chacun à leur façon vont remettre en question l'ordre établi par la "case company" qui veut étiqueter et ranger chacun dans une case sans permettre la rencontre. "T'es qui ? T'es d'où ? ", deux interrogations, deux suspicions qui pèsent sur l'étranger, celui qui est différent, deux questions traitées ici avec fantaisie, malice et espoir. Un beau travail !

F.P.

 Une nouvelle cuvée pour cette école du spectacle et de chanson sous la direction artistique de Véronique Gain, Laurent Malot et Anne-Claire Marin. Encore une fois, une grande diversité du rock à l'électro, de la chanson théâtralisée au swing en passant par les musiques métissées. Karolina, aérienne nuancée, façon folk-rock FM, ouvre le bal avec un titre "profond et léger", Sika dans une veine plus rythmée nous chante "Les mots filent". Les premières vraies surprises viennent de la vision surprenante de Victor Costa et de son "Rêve Parisien ", plein d'ironie mélangeant hip-hop et théâtre, de Matthieu Wiggan, très tonique, qui swingue fort bien en clamant qu'il est "En solde ". Dans un style plus proche du cabaret, Etchina Tango nous offre d'une voix puissante et voilée, une fort belle chanson d'auteur ("Mon homme "), une artiste qu'il faudra suivre avec attention. On peut y découvrir aussi l'humour et l'autodérision de Milly, la présence vocale de Linda Rao, le côté un peu engagé de Flavien Riez et le groove de Mödh. Saluons enfin l'intensité dramatique de Juliann pour une chanson "aigre-douce" sur la nostalgie des "seventies". Au dela des styles, des influences, il y a dans toutes ces interprétations une vraie qualité de travail tant vocal que musical. Le reste est affaire de goûts et de couleurs !

F.P.

1^er opus d'une collection lancée à l'occasion du 40^ème anniversaire de ce label, pionnier en quelque sorte de la world-music et aventurier des fusions musicales. Cette exploration de la cave Saravah est l'occasion d'une formidable sélection. On y retrouve ou l'on y découvre la première adaptation brésilienne de Pierre Barouh en compagnie de Baden Powell, Brigitte Fontaine et Areski, le blues de Chic Streetman et de Champion Jack Dupree, la musique africaine de Pierre Akendegue, la folie d'un Alfred Panou rencontrant l'Art Ensemble of Chicago, le Brésil avec le Trio Camara, le jazz de Jean-Charles Capon et Pierre Favre, de Michel Roques ou du Cohelmec Ensemble, l'électronique avec Jean-Philippe Goude et Olivier Colé ou Philippe Maté, le rock progressif de Catharsis. Enfin ce disque nous permet de réentendre les musiques et la voix de Francis Lai ainsi que celle de Nicole Croisille et, en cerise sur le gâteau, une parodie de Caussimon par Higelin. Témoignage de l'importance de ce label dans le paysage discographique, voyage dans la mémoire, plaisir de retrouver quelques sons parfois perdus ou oubliés, ce premier volume est plein de promesses pour une collection à venir. Merci Saravah !

F.P.