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"Une voix amie"
Jean-Yves n’est pas ce
qu’on pourrait appeler un débutant, bien au contraire. Cet artiste
confirmé a commencé sa carrière en participant en 1967 à la Fine Fleur
de la chanson française, concours créé par Luc Bérimont. Il vit alors
sa période parisienne et, pendant ce temps béni des cabarets, se produit
à l’Echelle de Jacob (où il est aussi l’assistant de Mme Suzy
Lebreun), au Char à Bancs,
à la Contrescarpe, au Lapin Agile, au Pimaro,
Photo X
Chez Georges et assure, à cette époque, la première partie de Mouloudji,
une rencontre importante qui le marquera considérablement et durablement,
une de ces amitiés que le temps et la disparition n’effacent pas.
Et puis soudain, alors que
les contrats affluent, il quitte Paris, décide de faire une parenthèse,
part à Grenoble pour retrouver les traces de son enfance et s’oriente
alors vers l’architecture et la décoration tout en continuant la
composition musicale et l’écriture, son jardin secret. De ce choix, il
dit que c’était celui de ne pas “suivre un parcours imposé :
concessions et censure… ”. Le temps passe, presque vingt ans. La
passion est décidément trop forte pour celui qui n’a vraiment jamais
arrêté d’écrire et de chanter. On le retrouve alors, en ces années
90, au Grenier de La Table Ronde à Grenoble, à La Montagne à
Antraigues, aux 10èmes Rencontres Brel en Chartreuse, aux soirées
musicales Brassens à Sète et au 1er festival grenoblois de la
chanson en compagnie d’Alain Aurenche, Jehan, Jean-Louis Blaire…et
Georges Chelon. Il continue de tourner dans de nombreuses salles de l’Isère.
Jean Yves Nicolas, c’est
d’abord une voix ample, riche, chaude, vibrante, digne de l’art
lyrique dont Jean Ferrat dira qu’elle est “ une des plus belles
voix de la chanson française ”. C’est aussi la fidélité à
cette poésie et à cette belle langue française qu’il défend avec
ardeur en mettant lui même Baudelaire et Rimbaud en musique, en interprétant
des auteurs tels que Mouloudji,
bien sûr, mais aussi Ferrat, Caussimon, Gougaud, Brel, Brassens, Escudero
ainsi que Laffaille et Leprest. Mais il est aussi un auteur et un homme
engagé, indigné des horreurs de ce monde et qui, dans un de ses textes
(“La planète bleue du crime”), s’élève contre le martyr des
enfants de la terre, la malnutrition et l’exploitation. Passionné,
intarissable sur la chanson dont il peut parler des heures durant, modeste
et généreux, cet artiste sans concession est un de ces artisans dont Eric Zimmerman disait “Il
embellit ce qu’il chante…pour son plaisir et pour le nôtre”.F.P. (
Octobre 2001)
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