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Serge
Utgé-Royo ♫
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"L'ami au coeur anar"
Il n’est guère facile de
parler objectivement d’un ami artiste quand tout ou presque a
pratiquement été dit le concernant par ceux que Léo Ferré et
Jean-Roger Caussimon appelaient “Les spécialistes”, et si je vous
entretiens de l’homme chaleureux, de l’être convivial et joyeux
qu’il peut être dans la vie (ce qui ne surprendra que ceux qui le
connaissent mal), ça ne vous intéressera guère. C’est plutôt de
l’artiste avec un grand A dont il faudrait parler, et là, j’ai bien
peur de
Photo A-M Panigada
retomber dans les travers de ce qui a déjà été écrit.
Pourtant, parmi tous ceux qui ont la plume démangeuse, je vous avouerai
que je suis un de ceux qui a certainement vu le plus souvent l’ami Serge
sur scène, et je ne parle pas du nombre de fois où j’ai pu écouter
ses chansons enregistrées. Enfin, pour tout vous dire, c’est un des
rares chanteurs auquel mon fils qui n’est pas un accro de la chanson
dite d’expression française, prête quelque attention. Quand je dis
“expression française”, il faudrait plutôt dire en parlant de Serge
qui chante également en langue espagnole que c’est d’expression internationale
qu’il s’agit, tellement cet artiste “sans drapeau,
sans patrie” a “tout le sang du monde sauf celui de français” et
s’il vous montre sa “Carte de visite”, vous pourrez mieux connaître
celui “pour qui le nom de patrie ne fait pas lever le bras”. Même si
ce “fils d’anarchiste Catalan et d’une socialo de Castille est
né du coté de la Bastille”, il vous parlera plus souvent de ces pays
tyrannisés et de ces peuples martyrisés dans bien des contrées de notre
planète.
En deux mots comme en quatre, je vais tout de même vous dire,
lecteur adoré, que Serge, à travers la beauté des mots, c’est la
force peu commune d’une écriture exigeante qui se révolte contre les
injustices de ce bas monde, contre la tyrannie, le militarisme, la
dictature et la religion.
N’attendez pas vraiment de chansons d’amour
dans son
tour (à part une ou deux exceptions), mais il y a des
Photo X
bouquets
de tendresse et de sentiment dans certaines paroles lorsqu’il se penche
sur la misère des pauvres gens, jusque dans ces “Tristes cités” où
dans ces “Quartiers de couleurs”, pourtant, il y a des lueurs
d’espoir, malgré les douleurs infinies des quelques “Cités du
soleil”. Il vous dira aussi “qu’il fait soleil sur sa planète”,
et pour dire tout ces mots, il y a cette voix fabuleuse, merveilleuse et
unique en son genre qui “tangue sur la musique des larmes”, des
musiques pleines de rythmes. Une voix qui vous fera frissonner en ses révoltes
contre ce racisme latent “Ami dessous la cendre, le feu va tout brûler”,
et qui, mieux que lui, ne saurait parler de cette commune trop souvent
oubliée avec tous “ses copains qui ne sont pas morts sans rien
laisser” et de ses frères Espagnols avec ce “juillet 1936 dans les
casernes catalanes” en ses envolées vocales de “Pardon si j’ai mal
à l’Espagne”, ou encore cette “Indien mon frère, cinq cent hivers
ont recouvert tes chants sacrés”. Il y a bien d’autre chansons émouvantes,
poétiques, tendres parfois, comme “Les enfants des quartiers
militaires”, “Les fleurs qui poussent dans mes yeux”, “Les putains
que j’aime” et autres petits chefs d’œuvres d’écriture et
d’interprétation. Il fera aussi appel à certains auteurs tels que
Victor Semal, avec “Une énorme boule rouge” qu’il a mis lui même
en musique ou en interprétant excellemment “Le flamenco de Paris” de
Léo Ferré, ou “Mutins de 1917” de Jacques Debronckart. Les musiques,
lorsqu’elles ne sont de lui, sont souvent signées Jacques-Ivan
Duchesne, un autre interprète qui accompagne souvent Serge Utgé-Royo
comme notamment l’ont accompagné sur scène Jean-Pierre Malmedier,
Jacky Le Poitevin, Francis Danloy, et maintenant Jack Thysen et Philippe
Leygnac, ses “compagnons de rimes et de notes”.
Son parcours artistique a
toujours été en marge du star-system, lorsqu’après avoir travaillé
dans l’imprimerie (c’est de famille), Serge s’est tourné vers l’écriture,
la poésie, la chanson et le théâtre. Il a parcouru bien des pays, avec
des escales plus ou moins longues à Paris, Bordeaux, Perpignan, Liège,
et à nouveau Paris. Auteur compositeur interprète depuis 1973, Serge
s’est produit sur différentes scènes, et ne serait-ce qu’à Paris,
on a pu le voir au Cithéa, au 20ème Art, au Théâtre Clavel, au T.L.P.
Dejazet (à l’époque du véritable Théâtre Libertaire Parisien), au
Café de la Danse, à la Mutualité, au Théâtre Trévise, enfin à
l’Européen. Il a enregistré une dizaine d’albums, et, outre ses
propres chansons, il a sorti deux CD : “ Contrechants de ma mémoire ”
où il interprète d’autres auteurs avec des chansons qui ont suivi ses
jeunes et moins jeunes années. En dehors de la chanson, il y a aussi le
théâtre, il a aussi tourné pour la télé, écrit recueil de poésie et
conte musical, enfin un roman historique “Noir coquelicot” et a
participé à différents spectacles collectifs. Serge Utgé-Royo a
toujours été suivi fidèlement par une équipe entièrement dévouée à
sa cause, grâce notamment à Patrick Kipper, responsable de
l’association Mots et Musiques, et maintenant Cristine Hudin, laquelle a
créé la maison d’édition Edito Hudin.
Avec la voix qu’il possède, Serge aurait pu être un grand baryton
d’opérette, mais heureusement pour nous, il a préféré la mettre au
service d’une cause plus intelligente, loin des sunlights d’un
vedettariat à l’eau de rose. Il vous fera ainsi passer, en chantant,
certains messages avec la poésie en ses bagages, et ce qu’il a appris
et vu à l’école de la vie. Même si les médias ont mis longtemps à
reconnaître et à s’intéresser à cet artiste anarchiste et
talentueux, on en parle maintenant dans un autre milieu. Néanmoins, il
restera toujours, pour ceux qui le suivent et le connaissent, notre ami au
cœur anar.
J.R. ( Juin 2001)
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Yves Uzureau ♫
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Yves Uzureau chante Brassens " la bonne réputation"
D’abord,
c’est un copain (un copain d’abord, ben oui, quoi !), alors on ne
peut vraiment pas dire du mal d’un copain, n’est-ce pas ? Sinon,
ce n’est pas un vrai copain, enfin, c’est mon point de vue.
Maintenant, j’ajouterai, comme ce copain-là est aussi chanteur, qu’il
faut mettre l’amitié de côté et dire sincèrement ce qu’on pense de
l’artiste, ne pas tout mélanger et comme dit l’autre : «ne pas
mettre tous ses œufs dans le même panier», surtout ne pas dire que tu
aimes le chanteur si tu n’en penses pas un mot. J’en connais des faux
derches dans la vie qui ne disent jamais la vérité, même si, j’en
conviens, toute vérité n’est pas bonne à dire. Eh bien ! Moi, je
vais vous dire, vous qui êtes attentifs à lire ma plume vagabonde et
bavarde dans ce bulletin mensuel, je n'irai pas par quatre chemins, car ce
mec que j’apprécie depuis de nombreuses années, ce type d’une
chaleureuse convivialité pour peu que vous soyez de ses proches amis, je
puis vous assurer pour l’avoir vu plus d’une fois sur scène et avoir
écouté et réécouté ses enregistrements, que je le trouve des plus
talentueux, artistiquement chantant.
Ce copain-là vous interprète Brassens comme personne, donnant aux chansons
du maître une approche différente, un rythme fou grâce à une
orchestration magnifiquement peaufinée façon Uzureau, lequel apporte une
note tout à fait personnelle aux musique du poète sètois. De toutes les
interprétations de Brassens en ces temps actuels (Dieu sait s’il y en
a) c’est certainement la meilleure et la plus entraînante. Mais il faut
dire qu’Yves Uzureau a su s’entourer de musiciens fabuleux, si lui-même
est un excellent guitariste (n’enseigne t-il pas la guitare et n’a-
t-il pas écrit une méthode de guitare sans solfège ? !), il a
su trouver de fidèles disciples en la personne de Pierre Debiesme, ce
guitariste belge lui même chanteur, sorte d’homme orchestre, lequel
fait chanter musicalement et allègrement sa guitare électrique et
parfois sa voix, sans oublier l’autre guitariste Jean-Philippe Watremez,
ainsi que le contrebassiste brésilien Carlos Acciari. Enfin, telle était
la formation qui s’était produite à Bobino durant 3 mois en 1996-1997,
un album public avait d’ailleurs été enregistré à l’époque.
S’ils ne sont pas tous disponibles suivant les concerts, Yves Uzureau a
déniché un autre guitariste génial, corse celui-là, Rodolphe Raffalli
qui a lui même enregistré un magnifique album swing-jazzy des musiques
de Brassens.
Ainsi,
Yves Uzureau nous fait revisiter Brassens, et là, on s’aperçoit
combien les musiques de Georges qu’on a eu trop tendance à oublier en
s’intéressant plus à sa poésie, peuvent être de qualité. Suite à
l’interprétation qu’en fait Uzureau, nous ouvrirons une parenthèse
avec cette libre adaptation musicale du «Gorille» sur une musique
exotique du plus bel effet. Je vois d’ici les froncements de sourcils de
certains puristes, mais je tiens à rassurer les inconditionnels
Brasseniens : l’esprit Brassens demeure bel et bien et l’interprète
a su fidèlement respecter les textes du poète. Enfin, j’ajouterai que
c’est un spectacle enlevé et que le chanteur guitariste Yves Uzureau de
sa belle voix chaleureuse a su donner à son Brassens un rythme entraînant
et jazzy à la fois.
Mais
Yves Uzureau a d’autres cordes à sa guitare, si je puis dire. Auteur
compositeur interprète, lui-même a écrit plus de 200 chansons dont
cette «Peau neuve» reprise par Sacha Distel en 1995. Dans les années
80, il avait monté à Bruxelles un spectacle Brel avec Maurane et
Philippe Lafontaine en participant aussi à une tournée internationale.
De 1979 à 1982, il a chanté à Bruxelles,
à Paris dans différents théâtres
Photo A-M Panigada
et en province, sortant en 1982 un disque 33 tours de ses chansons «Mirifique-Miraisin»,
enfin, depuis 1994, il a monté ce spectacle Brassens intitulé «Le
copain d’abord» joué en province, à Paris et dans différents pays étrangers.
Il a de plus réalisé l’orchestration et les arrangements d’un copain
de Brassens, René Iskin, enfin, il prépare un nouveau disque Brassens,
ainsi qu’un spectacle différent avec un album cette année. Chanteur,
auteur compositeur interprète musicien mais également comédien (il fut
1er prix du cours Simon en 1975), il obtint de nombreux rôles
au théâtre, il est également dramaturge, metteur en scène, et même
romancier.
Le
copain Yves Uzureau est un artiste complet, et comme a écrit Jean-Michel
Boris, l’ex directeur de l’Olympia «Bravo Yves, continue, nous avons
besoin de gens de cette qualité pour sauvegarder notre patrimoine chanson».
Oui, Uzureau est un copain qui possède de solides qualités artistiques,
un homme, enfin, qui n’a pas mauvaise réputation, n’en déplaise à
Brassens !
J.R. ( Janvier 2004)
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