90C
Quai des Brunes
Quarte Blanche
Alexis Quoniam

Après un CD autoproduit, puis un second ("Sans commentaire"), nous retrouvons nos trois délurées qui n'y vont toujours pas par quatre chemins pour tailler en pièce la gent masculine, dans toute son arrogance et son machisme bien connu, malgré une bonne dose d'autodérision pour donner le change. Même s'il est bon de fantasmer sur l'homme parfait, il est défoulant de pouvoir le réprimander méchamment à le voir regarder le foot ou cloper jusqu'au matin, tant "les mecs parfaits c'est pas marrant" ("Mon homme "). Le ton est donné dès le 1er titre ! Tour à tour, dragueuses, enjôleuses, pestes ou moralistes, ironiques ou romantiques, qui sont ces garces sympathiques ? Ce sont, au chant, Elodie, Emilie et Amélie, accompagnées par les guitaristes T. Happel et S. Arnaud et la violoncelliste D. Sarazin, auxquels s'ajoutent, ici et là, une touche d'accordéon, de percussion ou de basse. Gare à la panne des sens intempestive et vexante du macho prétentieux même si le viagra est salutaire ("La brouette ", "Jojo "), "avec les histoires de quéquettes, on est sûr de pas s'ennuyer" (sic). Elles nous content l'histoire surréaliste d'un ballon de foot qui a "visité des vestiaires/bondés d'hommes déchaînés/s' comparant l'annulaire/à l'objet de leur virilité" (ne serait-ce pas un prétexte à pénétrer un vestiaire masculin ? Demandez à votre consoeur Clarika, elle y a déjà fait des découvertes surprenantes !). La légèreté fait place à la gravité quand il s'agit de stigmatiser les bigotes ("La vieille tique ", pas de demi mesure on vous dit !) ou les agissement de Bush et consort, tant "y'a vraiment rien d'plus angoissant/qu'une liberté faite au hachoir" ("Le monde merveilleux de Georges "). Elles sont touchantes et émouvantes quand elles demandent "voudras-tu encore de moi quand je serais vieille et ronchonne, mal lunée et mollassonne ?" (" ça dépend ") ou quand elles invitent à ne garder que l'essentiel ("Se souvenir des belles choses "). Pas d'orchestrations exceptionnelles, mais une parfaite harmonie entre les voix et les arrangements, entre climats intimistes et débordements plus vifs. Pour imaginer le complément de mensurations, écoutez ce disque décapant et original à la provocation salutaire!

F.P.

On retrouve cette formation fort agréable composée des trois chanteuses : Amélie Lacaf-Moriquand, Emilie Happel et Elodie assistées de deux guitaristes :Thierry Happel, Samuel Arnaud et de la violoncelliste Delphine Sarrazin. Ce groupe aux douces sonorités qui s'est illustré, entre autres, en première partie de Enzo Enzo, Maurane, Chanson Plus, Evasion, Castafiore Bazooka, nous offre un disque plein de fraîcheur et de sensibilité. Leurs chansons sont inspirées de notre quotidien, des rapports humains, entre tendresse et émotion, rire et romantisme. On y croise un "Monsieur H " dont les années n'ont pas gâté la tendresse pour un "petit bonheur aux yeux malins", on y entend aussi une jolie "Berceuse pour les p'tits loups ", "La complainte de la fromagère ". Entre le regard de femmes ironisant sur l'attitude des hommes dans une drôle de galerie de portraits ("Sans commentaire "), et celui parfois enfantin et "naïf" questionnant notre monde, elles abordent aussi des sujets plus graves: la différence ("Boulevard Lapointe "), le devoir de mémoire ("La petite étoile "), le sida ("Sidaventure ") et dénoncent cette "Mal bouffe " organisée par un clown libéral. Avec des sonorités folk-rock, des accompagnements toniques, voilà un disque joyeux, sans prétention, en phase avec nos joies, nos préoccupations, d'hommes et de femmes d'aujourd'hui. Simple, plaisant et harmonieux !

F.P.

Un groupe vocal composé de trois chanteuses. Un travail très agréable, des voix sûres, pleines et bien maîtrisées, des mélodies qui varient de la balade folk au jazz vocal ou gospel, des textes ironiques et mordants, drôles, romantiques ou tendres qui parlent du quotidien, des rapports entre hommes et femmes. Dommage que ceux-ci ne soient pas toujours compréhensibles.

F.P.

Une brève mais très agréable virée dans les chansons réalistes des années trente avec une préférence pour “Le tango stupéfiant”. Ce duo, dont le nom ne peut que séduire le cinéphile auteur de cette chronique, présente également un spectacle “Escale” autour des chansons de Fréhel, Damia, Suzy Solidor, … Et vive l’accordéon !

R.L.

Jean-Baptiste Veujoz, alias Djib, a préféré, pour ce second CD, donner un véritable esprit de groupe à ce quatuor lyonnais, le baptisant "Quarte blanche". Il abandonne ainsi son patronyme qui fut le nom du groupe sous lequel on le remarqua en 2003 (CD "Houla "). Pour autant, notre homme orchestre en est toujours l'ACI. N. Leroy (basse, guitares) et J. Mathis (percu, saxo, accordéon) continuent l'aventure, rejoints par Clélia Bressat (piano, trombone, flûte), quelques chœurs et instruments additionnels participent à cet univers musical très jazzy. Les textes tendres et fantaisistes n'en stigmatisent pas moins, pour la plupart, les travers de notre quotidien : souffrance de l'exclusion ("Les rêves "), valse hésitation à fuir la morosité de la cité ("Partir "), autocritique sans concession ("Pas toujours "), rumeur malveillante et imbécile ("Yvonne "), anticléricalisme radical ("Bon Dieu " remettant à l'honneur l'orgue de barbarie). Notons, par ailleurs, une manière de rap ("On s'la pète ") et surtout quelques textes plus intimistes ("Le piaf ", "Nocturne ") ajoutant en émotion à un ensemble de belle facture.

J.P.C.

Cette bretonne férue de chants traditionnels et de "bals à la voix", après un premier disque de chants du Poitou, reprend le répertoire ancien de tradition chrétienne. Elle sert cette évocation de sa voix mystérieuse et pure, et est accompagnée par Joël Grare (percussions), Cécile Girard (violoncelle), Nicolas Giraud (trompette, bugle, bérimbau), Philippe Briegh (clarinette et violon) et de nombreux chanteurs. Un travail soigné tant dans la présentation que dans la réalisation. Pour les amateurs du patrimoine et de la tradition orale.

F.P.