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Isabelle Faës ♫ |
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"La
claire obscure"
La musique avant d'être une passion fut pour cette
cadette de quatre enfants un choix quasi obligatoire, inspiré par son père
violoniste. Enfant, elle rêve pourtant de devenir danseuse étoile et
prend d'ailleurs des cours en vue de cet avenir avant, vers sa douzième
année de débuter la pratique du violoncelle. Baccalauréat et CAPES se
suivent et l'amènent naturellement au métier de professeur de musique.
Grâce à des participations à des chœurs du théâtre voisin, elle
chante dans plusieurs opéras et découvre ainsi le spectacle : "Le
goût de la scène et le fait de faire plaisir à un public, c'est là que
je l'ai trouvé ". Elle crée parallèlement des orchestres et
des chorales avec ses élèves, devient chef de chœur, monte des
spectacles avec près de 200 adolescents.
Pour elle qui ne connaît que très peu la chanson,
le moteur de sa carrière d'interprète sera un certain Jean Guidoni. En
1996, elle prend le risque d'adapter, dans une version plus féminine, le
guidonien "Crime passionnel" écrit en 1982 par Pierre Philippe
et Astor Piazzola. Elle écrit aussi, évidemment, et peaufine une comédie
musicale ("Correspondances ") pour son collège dont elle tirera d'ailleurs deux chansons: "Enveloppe
" et "Crise-éclair " qui feront partie de son
album auto-produit "Copiée collée " sorti en 1999.
Elle y démontre sa grande maturité musicale. Dans
la mouvance de Guidoni, à travers ses chansons, elle décline les
passions, les amours passagères et dérisoires ( "La marelle "),
nous conduit à travers un univers sombre où l'évocation de la mort,
parfois de la folie, renvoie à la douleur de Van Gogh et son frère Théo
("Champ de blé aux corbeaux "). Elle évoque ainsi les
affres de la création. Elle y chante le désir des corps au féminin, la
difficulté pour les êtres de communiquer, de s'accorder, elle y dit nos
doutes, nos lâchetés, nos
silences. D’une écriture intelligente, elle ouvre nos blessures, dissèque
nos comportements humains, nos sentiments : " Mes chansons ne
sont pas très autobiographiques, même si j'ai vécu des choses comme ça
par le passé ; mais je garde un univers noir, très tiré sur la folie et
la mort… La mort, j’y pense dix fois par jour. " Elle
nous fait aussi partager ses indignations dans de sombres "Litanies
". En scène, ses chansons sont servies par une élégante présence,
une voix claire, tranchante, sans artifice, en pleine harmonie avec les
mots crus, le regard implacable que porte Isabelle sur notre monde. Le tout est admirablement bien accompagné par Laurent
Bres au piano et Anne Moreau au violoncelle. " Entrer dans l'univers d'Isabelle Faës, c'est
se laisser guider, par sa voix intense, dans la recherche du bonheur,
quotidiennement contrariée
par l'angoisse de l'échec. Ses chansons expriment cet écartèlement…
Ses superbes mélodies tantôt épaississent la détresse et
l'indignation, tantôt les contredisent, et sa voix qui les porte se fait
tour à tour enjôleuse ou ardente. Par leur force d'émotion elles
illuminent ses chansons. Elle restaure par ses musiques ce que les
corbeaux déchirent dans ses textes. " F. Bellart (Revue "Je Chante !").
Une clarté dans cette obscurité !
F.P. ( Janvier 2006 ))
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Joël
Favreau ♫ |
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"Un copain d'abord, Joël Favreau à la
guitare d'or"
Avoir fait des contre-chants
pendant 15 ans sur les musiques de tonton Brassens, lorsqu'il enregistrait
des disques, ça vous forge un bonhomme. Avoir été choisi par lui,
c'était déjà une belle référence pour un guitariste. Continuer
Photo E. Nadot
à lui
plaire aussi longtemps, même en tenant compte de la fidélité
indéfectible que le grand Georges vouait à ses amis, cela devenait une
consécration. Pudique, Joël n'en a pas profité pour se mettre en avant
dans son propre répertoire. Car ce garçon-là est également un
excellent auteur-compositeur et si, pour notre grand plaisir, il émaille
son tour de chant de quelques chansons du "vieux" comme disait
Pierre Nicolas, il est extrêmement agréable de découvrir ses propres
oeuvres. Il serait injuste de ne pas rappeler aussi qu'il a accompagné
d'autres"grands", Moustaki, Le Forestier, Higelin, Duteil, pour
ne citer que ceux-là.
M.V. (Janvier 1998)
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Eloi
Flesch |
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Nous avons découvert, "et quelle découverte!",
ce jeune homme de même pas 20 ans dans un de nos petits lieux à chansons
de Paris. Ce qui nous a séduits c'est la poésie qui accompagne son
jonglage, pas le classique jonglage auquel nous étions habitués, et qui
n'est qu'un simple jeu d'adresse. Nous l'avons suivi dans ses représentations,
en constatant les progrès réalisés d'une fois sur l'autre.
En 98 il rentre à l'école de Cirque d'Amiens et y
monte plusieurs scénettes de jonglage, dont une adaptation du "Horla"
de Maupassant. En 99 il quitte le cirque pour rentrer à l'école de Théâtre
"Le Samovar" à Paris,
Photo A-M Panigada
sans abandonner le jonglage. Il prend goût
tout particulièrement au théâtre gestuel et y allie une fois de plus ce
même art. Il fait ses premiers pas de jonglage avec la chansons française,
sur des chansons des Têtes Raides, de Juliette et d'autres.
En janvier
2000 il accompagne, pour notre plus grand plaisir, Allain Leprest sur ses
chansons au Limonaire, (le petit lieu parisien par excellence). Nous
l'avons vu jongler avec la même aisance, aussi bien sur des chansons que
sur des textes poétiques, tel ceux de Bukowski.
Une vraie merveille, à découvrir absolument!
Gisèle et Mario Luzzati ( Mars 2000)
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Alain Flick |
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"Un
coeur débordant d'amitié"
Quel personnage haut en couleur que ce bon gros d’Alain Flick qui aurait
pu être le frère jumeau de Bernard Dimey, tellement la ressemblance est
frappante (la barbe en moins pour Alain), et comme a écrit Yvette
Cathiard qui fut la compagne de Bernard Dimey «à la seconde où se sont
rencontrés Bernard Dimey et Alain Flick, je n’étais pas là, mais
l’onde fraternelle qui en a découlé me baigne encore», et plus loin
encore «mais par intervention divine, le frère devient le fils…». Un
fils qui sera comme un bon samaritain pour Nanard. Alain Flick a découvert
et rencontré Bernard Dimey sur la scène de «La Galerie 55» au quartier
Latin. Il s’occupera du poète criblé de dettes, malade ensuite,
passant tous les jours le voir chez lui. Voici ce qu’en dit Yvette
Cathiard dans son livre «La blessure de l’ogre» paru aux Editions
Christian Pirot : «Alain Flick le présente à son agent pour le cinéma,
Patrick Brisson, qui lui trouve quelques rôles, le cinéma est un jouet
presque neuf que Bernard saisit. Alain continuant son travail d’ami, le
soulage de la paperasse harcelante, prenant des engagements avec
l’inspecteur des impôts afin que Dimey ne retourne pas dans
l’enlisement, les droits d’auteurs sont débloqués».
Qui
donc alors mieux qu’Alain Flick pouvait habiter ses textes pour les dire
et les jouer à son tour, en parlant également du poète à l’aide de
certaines anecdotes assez savoureuses. Cet Alain Flick qui est né à
Paris en 1949 dans une loge de concierge et dont les premiers mots furent
«la vie, c’est pas ça» à la grande surprise des adultes. «C’est
quoi, alors ! », réponse : «Moi, je sais pas, mais
c’est pas ça ». A 12 ans, doué pour la récitation et le Français,
il entrera dans une troupe de théâtre, prendra des cours, puis il jouera
dans une dizaine de pièces. Plus tard, ce sera l’école théâtrale de
Robert Hossein à Reims, il sera alors de la promotion d’Anémone et
Tony Marchal. Par la suite, nous le verrons dirigé par de grands metteurs
en scène comme Georges Strelher ou Jérôme Savary et avec des artistes
tels que Isabelle Carré, Denise Gence, Félicity Lotte, Jane Birkin,
Anita Ekberg, Ornella Mutti…
Alain Flick nous confiera que ces
rencontres avec Bernard Dimey et le Dalaï-Lama vont le conduire à la
conjugaison du verbe être au présent, à la vie comme œuvre d’art.
Ainsi, depuis 1999, seul en scène,
il consacre son temps à la vie, aux œuvres tendres et voyous de son ami
Bernard Dimey dans un spectacle intitulé «Un cœur dans le rouge». Un
Dimey dont il fut, comme il dit, le conseiller durant les dernières années
de sa vie, et comme a écrit encore Yvette Cathiard, «Dimey qui ne
calculait rien, a fait sur Alain Flick un placement sûr pour que sa voix
continue».
Je vous avoue personnellement que
depuis que j’ai rencontré ce phénomène, je ne me lasse pas de voir et
entendre que ce soit dans quelques rades ou sur les scènes de théâtre,
ce truculent et ventripotent comédien qui est non seulement un artiste
merveilleux que j’admire sincèrement, mais également un ami sincère,
adorable et serviable, un être qui a le cœur sur la main, un cœur débordant
d’amitié, aussi gros que sa bedaine, ce qui n’est pas peu dire !
Allez donc voir ce gaillard qui a
du cœur au ventre (toujours la bedaine !), et comme a écrit Bernard
Dimey «Je ne dirai pas tout» car il y a tant à dire et à raconter
concernant Alain Flick que cette page n’y suffirait pas.
J.R ( Mars 2005)
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Catherine
Fontaine ♫
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"L'enchenteresse "
Cette
artiste corrézienne a fait son chemin dans la chanson avec obstination et
conviction. La bataille fut rude pour imposer son envie de musique, son
besoin d'écriture. On dit qu'elle s'est acheté sa première guitare à
douze ans pour mettre en notes ses premiers textes. En fait celle ci fut
une guitare en plastique moulé pleine de bonbons qui aurait fait le
bonheur de tout enfant mais ne lui amena que déception. On la retrouve à
17 ans, adolescente révoltée composant ses premières chansons, textes
et musiques et faisant sa première scène. Pourtant devant la difficulté
de s'imposer dans ce métier de chanteuse, elle optera pour celui de
cuisinière, deviendra "chef" et montera deux restaurants sans
toutefois totalement abandonner la musique, participant à deux groupes
"Misfit Duo" et "Toundra"
Douze
ans plus tard, en 1989, elle quitte ce
métier du jour au lendemain, achète sono et micro et crée avec quelques
amis le groupe "Vie privée" qui s'illustre dans une répertoire
de blues et soul, empruntant à Otis Redding, Marvin Gaye et B.B King, un
creuset dans lequel Catherine forgera sa voix de "blues women"
au grain si original. Après avoir écumé festivals et bars, elle
rencontre en 1990 Marie Bazin, qui avant d'être sa complice en musique,
sera son manager. Elle pousse Catherine à interpréter ses chansons et à tourner sous son propre nom. Elle le fera dans
plusieurs formules, duo, trio et même à sept avec une formation baptisée
les Zèbres. Après un premier album de 12 titres ("Amigo")
en 1993, les deux comparses choisissent de se produire ensemble. C'est
cette formule qui, depuis 1996, fait l'originalité du groupe, Marie
Bazin, multi instrumentiste, accompagne, à l'accordéon, batterie et
percussions, bodhran et ektara, Catherine au chant et à la guitare.
Ensemble, entre la fluidité des mélodies, la force évocatrice des mots,
elles réussissent un mariage superbe des voix, un étrange métissage de
musiques et font preuve d'une énergie et d'une présence remarquables.
Après
la sortie en 1997 de l'album "Ici et ailleurs", Catherine
est remarquée par Jean-Claude Barrens, reçoit en 1998 le fonds d'aide à
la création chanson du Val de Marne, fait les levers de rideau du
Festi'Val de Marne et obtient un financement pour la création du
spectacle "Mille vies". Soutenu également par le Conseil
général du Limousin et le théâtre de Tulle "les sept
collines", le spectacle sera créé en avril 1999 augurant d'un
troisième album enregistré en 2001, distribué par Mélodie et baptisé,
lui aussi, "Mille vies". Mais ces deux magiciennes n'ont
pas qu'un tour dans leur sac puisqu'elles s'illustrent aussi dans un répertoire
pour enfants "Chansons pour la marmaille", animent des
stages et ateliers d'écriture et préparent de nouveaux spectacles, un
pour le jeune public avec la
collaboration d'Alain Poitou, sur le thème de la tolérance, un autre intitulé "Lumière" avec des chansons inédites.
Sur scène,
c'est un voyage initiatique, poétique et musical où nous convient ces
deux artistes. Elles font danser les mots et swinguer les syllabes sur des
mélodies colorées aux influences multiples ou valse et tango se mêlent
subtilement à des parfums d’orient, des sonorités venues d’ Afrique,
des rythmes de reggae ou de bossa. De la mélancolie d’un “Crépuscule”
à l’errance poétique de ces “Mille vies”, de la
vision bucolique d’un “Eté” au souffle épique de “Je
suis le temps”, chacun de leurs morceaux est une osmose parfaite
entre textes et musiques, témoin de leur complicité. La voix de
Catherine profonde, grave comme celle d’une chanteuse de blues sert avec
justesse une écriture précise, délicate, ciselée qui touche par sa
puissance et sa sensibilité. Elles nous offrent un spectacle envoûtant,
énergique et généreux... Enchanteur !
F.P. ( Avril 2005)
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"Une chanson qui coule de source "
Attention, une Fontaine
peut en cacher une autre ! Cette Fontaine ne se prénomme pas
Brigitte, mais plutôt Catherine et son talent n’est pas moindre, enfin,
c’est mon avis ! …
Avec ses mélodies qui chantent bien à l’oreille, ses textes solides et une
énergie peu commune, secondée admirablement par une Marie Bazin multi-instrumentiste et choriste, laquelle joue de l’accordéon, des flûtes,
de la grosse caisse, des percussions et autres instruments aux noms
bizarroïdes alors que Catherine écrit, compose, joue de la guitare, de
l’harmonica et également des percussions. Quand à la voix, elle est
d’une gravité chaleureuse, douce et puissante à la fois, à travers
des textes d’humour, de révolte et aussi d’humeur au service d’un
assemblage de mots alors qu’une vie intense gravite en “Mille vies”,
titre de ce nouveau spectacle original et visuel.
Avec une histoire de “clown un peu
fou, même si tout est flou”, elle nous invite à entrer dans la
sarabande avec elle “alors que la nuit est noire comme une veuve”. Au
fait, “Madame, voulez vous danser avec elle cette danse, quand les ailes de la
nuit s’entrouvrent, elle va prendre son envol, et sentez-vous les eaux
qui se troublent c’est le silence des paroles, quand tu regardes ton
fils qui va partir demain matin, tu vois passer des lendemains, mais où
sera ton fils quand refleurira le jasmin, quand on cueillera le raisin, il
vivra mille vies à mille lieues d’ici”.
Dans un enchaînement et un déchaînement de paroles, Catherine Fontaine nous
surprend et nous raconte d’étranges histoires sur des musiques parfois
arabisantes, accordéonisantes et autres tendances musicales.
On dit que cette Corrézienne a mené sa barque de A à Z, qu’elle s’est
acheté sa première guitare à l’âge de douze ans pour mettre en
musique quelques chansons. A 17 ans, elle s’est déjà produite sur scène,
puis elle est partie vivre sa vie autrement, et pour ne pas toujours
bouffer de la vache enragée, elle devient cuisinière dans divers
restaurants et même chef-cuisinière. Arrêtant le métier, elle monte un
groupe de blues avec des potes en écumant les bars de sa région,
chantant en Anglais, puis, comme elle écrivait des chansons, elle eu
envie de les chanter sur les conseils de Marie Bazin qui, avant de monter
sur scène avec elle, fut d’abord son manager. Catherine Fontaine fut également
chanteuse du groupe “Vie Privée”, créa “Missfit duo”,
Photo C. Besse
participa
à la création d’un ballet de danse contemporaine et partit en tournée
avec des chansons françaises des années 20 à nos jours, mais elle a
vraiment commencé sa carrière de chanteuse qu’en 1985 lorsqu’elle
fit la première partie de Mama Béa. Depuis, les premières parties, les
tours de chants et les nombreux festivals ne se comptent plus avec Marie
Bazin. Elles constituent un duo fort apprécié du public qui aime la
chanson de qualité.
Le premier album de Catherine Fontaine intitulé “Ici ou ailleurs” en
1997, fut jugé favorablement par la presse qui trouva cette petite
merveille de fraîcheur et d’inventivité sincère et envoûtante. Un
live de 4 titres est sorti ensuite en 1999 concernant le nouveau
spectacle.
Catherine précise qu’elle passe beaucoup de temps sur les textes, qu’elle écrit
simplement, mais qu’elle essaie de mettre des choses cachées à l’intérieur,
qu’elle écrit de la chansonnette avec un refrain et qu’elle espère
que les gens retiendront la mélodie, enfin qu’il n’y a pas de règle
systématique, que dans les périodes d’écriture elle est complètement
ailleurs, qu’elle plane et vit à ce moment là en solitaire, qu’elle
ne peut vivre à Paris et dans les grandes villes car elle a besoin
d’espace, d’arbres, de verdure, d’air pur.
Catherine Fontaine anime aussi des ateliers-chanson “les chantiers d’été” à
Curemonte dans la Corrèze, un village médiéval situé à la frontière
du Lot et de la Dordogne, du 17 au 21 juillet et du 7 au 12 août.
Voilà une jeune femme qui ne manque pas d’activité dans le domaine d’une
chanson vivante qui ne se tarit pas dans l’eau de la claire fontaine
(excuses moi, Georges), car la chanson vivante et expressive, c’est tout
de même autre chose que la chanson stéréotypée, celle qu’on nous
sert trop souvent dans un plat de fric, enfin d’argent si vous préférez
dans la catégorie d’une “variétoche” de bas étage.
Il ne faudrait tout de même pas oublier cette Marie Bazin, omniprésente sur scène
avec la Fontaine, une Marie Bazin d’une extrême discrétion par
ailleurs, car l’une ne va pas sans l’autre et c’est un fameux duo.
Alors, qu’on se le chante !
J.R. ( Juin 2000)
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Philippe
Forcioli ♫ |
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"Au royaume de la chanson poétique"
Longtemps
longtemps après que les poètes ont disparu”, mais les poètes ne
disparaîtront jamais quoique vous en chantiez, Monsieur Trenet, et même
si Ferré a écrit “la poésie
fout l’camp, Villon”, les poètes existeront toujours. Au temps présent,
les poètes, ceux de la chanson notamment sont florès, même si le monde
de la médiatisation leur tourne
Photo X
le dos. Ainsi en est-il d’un Philippe
Forcioli, poète et troubadour de la chanson, la barbe grisonnante et
frissonnante, anciennement chanteur de l’errance sur les routes de
France, porte-parole de l’amitié et de l’amour.
Ce Corse d’Algérie est parti avec ses parents
d’Oran, la ville où il a vu le jour, suite aux évènements, dès l’âge
de huit ans pour s’en aller vivre dans les quartiers Nord de Marseille
“mon Algérie, ma terre natale, je ne puis te parler ni regarder
l’enfant qui râle, troupeaux d’agneaux égorgés”. A seize ans,
il tombe sur les œuvres de Rimbaud, ça a changé sa vie, il devient
troubadour, car Forcioli n’est pas fait pour vivre en ville, il préfère
la campagne, les contrées sauvages, il fuguera guitare en bandoulière,
sac au dos, pieds nus, il passera ainsi une dizaine d’années écrivant,
chantant où il peut. Il s’installera aussi sous les oliviers du sud de
la France, là où Pagnol a passé son enfance et qu’il raconte si bien
dans “La gloire de mon père” sous le garlaban, un Pagnol qui a inspiré
Forcioli, lequel a écrit “Blanc
garlaban au vent du nord, le nord vient bleu sur ton rocher, tu
parles d’un passé de source, de mousses et d’arbres et de gibier”.
Inspiré également par Joseph Delteil avec son “François d’Assise”,
il composera les musiques sur les textes de Delteil, enregistrant un
double CD et obtenant le prix de l’Académie Charles Cros en 1994.
Delteil a été ainsi à l’origine de son deuxième grand bouleversement
au point de réaliser un sentier littéraire, chemin pédestre d’environ
2h30 sur lequel il a planté des panneaux pleins de citations et de réflexion
tout près du village natal de Delteil, Villar-en-Val dans l’Aude. Il
est vrai que sa vie a commencé par les livres, les poètes particulièrement,
tels que Rimbaud, Apollinaire, Saint Pol Roux, Blaise Cendrars, Max Jacob,
René Guy Cadou avec quinze de ses textes qu’il a mis en musique.
De ses campagnes solitaires, Philippe Forcioli
s’est forgé une écriture poétique parfois rugueuse, avec également
ses envols “à la cime des arbres”, aimant célébrer l’oiseau,
notamment l’alouette : “Si j’étais
une alouette comme elles, je foncerai dans l’azur, mais je ne descendrai
plus sur la terre, là où les hommes sèment le blé, là où les hommes
fauchent le blé, où l’on sème et l’on fauche sans savoir pourquoi,
si j’étais une alouette. ” Ses chansons respirent le calme
de la nature, mais une nature qui parfois tempête, se révolte, prend à
parti notre société de consommation, l’Américanisme avec sa Mac
Donaldisation et tout ce qu’elle nous a apporté de néfaste, anti-mode
le mec ! A contre courant de son temps, il apprivoise les mots à sa
manière “<>moi, les mots, je les ai
baisés, et ce mot sur ma langue n’était pas osé, moi, les mots, je
les ai baisés, à cause des lèvres, des fèves et du blé”.
Brassens eut certainement aimé ce poète là, dit-on. Un Brassens auquel
Forcioli a rendu hommage dans “Monsieur Brassens”.
A Paris, on a pu voir Forcioli dans des salles
telles que La Pépinière Opéra, Le Café de la Danse, Ailleurs et
l’Européen. Enfin il sera au Théâtre des Déchargeurs du 3 au 14
avril 2001. Voilà plus de vingt ans maintenant que ce solitaire poursuit
sa route en dehors du système, chantant, poétisant, contant au gré de
ces spectacles. A le voir et l’entendre, le public est vite conquis et
fasciné par cet homme simple et généreux avec ce timbre de voix tout en
finesse, cisaillant et brodant ses mots comme une couturière ses robes,
et qui, sur le fil du rêve, comme un souffle de vent du sud,
s’amplifiant parfois tel le mistral de quelques colères, nous apporte
son accent chantant. Oui, vraiment, Philippe Forcioli est un véritable poète
de la chanson.
J.R. ( Décembre 2001)
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Frédérique |
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" La passion maritime
tardive de
FREDERIQUE F. "
Bretonne, et qui plus est, issue d’une famille chantante de marins bretons,
c’est pourtant à Bruxelles que Frédérique F. s’en alla apprendre à
jouer la comédie au Conservatoire national de Belgique. Devenue comédienne,
elle tâte des marionnettes, devient auteur dramatique, s’essaye à la
mise en scène et travaille dans l’atelier-théâtre de Philippe Adrien.
Est-ce le souvenir de son grand père Cap Hornier qui lui contait de
merveilleuses histoires de voyages en mer, ou le travail de sa voix en
tant que comédienne et son goût atavique pour la musique celtique qui
lui donnèrent l’envie de jeter l’ancre pour se lancer dans la chanson ?
Les 3 sans doute, et notre Frédérique commence à écrire des chansons,
puis à se constituer un répertoire de chansons populaires
traditionnelles en français et en breton, émaillées de chansons sur la
mer dont les auteurs sont des poètes... Pierre Mac Orlan, Louis Brauquier,
René-Guy Cadou, Djiboudjep...
S’assurant le concours du sympathique accordéoniste Philippe Picot, elle fait son
entrée depuis peu dans les petits lieux à chansons de l’Ile de France
où elle séduit par sa simplicité et la pureté de sa voix. Les
spectateurs de Chant’Essonne l’applaudissent chaleureusement lors
d’une soirée de soutien à laquelle elle participe en mars dernier.
Nous lui offrons d’assumer le 12 juin la première partie de notre veillée.
Elle n’a pas encore enregistré mais un CD est en prévision pour la fin
de l’année.
Pourquoi Frédérique F. ?... :
F. comme Femme, F. comme Fête, F. comme Flamme, F. comme Folklore, F.
comme Forge, F. comme Fontaine...Quel programme!
M.V. (Juin 1999)
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(Dans le cadre d'une veillée de soutien à
Chant'Essonne).
Bretonne, elle
prête sa voix chaude et bien timbrée à des chants de la mer, sans
fioritures folkloriques..
M.V. (Mars 1999) |
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